Direction des programmes de la chaine marocaine 2M International de 1989 à 1992

"J’ai quitté Europe 1 un dimanche où Wim Wenders était mon invité. On était arrivé à un stade avec la pub, le tiercé, la formule 1 en direct où on n’avait pas pu se parler alors qu’il me ramenait plein de musique formidable à diffuser.

Je suis allé voir Frank Ténot, mon président chéri et préféré, et je lui ai dit que je partais créer une chaîne de télé au Maroc.

Lui avait démarré avec Daniel Filipacchi (NDLR président d’honneur d’Hachette Filipacchi médias) à Radio Tanger. Cela lui a mis de l’exotisme dans les yeux et il m’a dit de me casser. Je lui ai répondu que cela faisait 25 ans que j’étais là et que j’aimerais avoir des indemnités. Comme il savait que les énarques au-dessus de lui ne donneraient rien, il a fait un geste grandiose et m’a filé de sa poche deux sublimes toiles d’art contemporain.

Au Maroc, je devais former des gens à faire de la télévision, dans tous les sens du terme, des monteurs aux animateurs à qui je faisais faire des castings dès que j’en croisais dans la rue, qui avaient une tronche, du charisme. Madame Cinéma qui est devenue une star au Maroc. Bouchra Alami, je l’ai rencontrée en visitant la maison de son père que je voulais louer ! Le lendemain, elle faisait des essais et, le surlendemain, elle était embauchée. Et après, je l’emmenais au Festival de Cannes… J’ai permis aux gamins du Maroc, et cela m’a beaucoup plu, d’être un peu le « Mâalem » (le patron, « celui qui sait » en arabe). Ce n’était pas grand-chose, je les ouvrais à différentes cultures… Quand il y avait les Oscars par exemple, c’est moi qui faisais la voix off. On avait les images en différé des US et je commentais comme si c’était en direct ! Ma fameuse Bouchra n’aurait pas su reconnaître les acteurs au même titre que, quand Michael Jackson est mort, j’ai fait le 20h avec Pujadas qui ne reconnaissait pas Quincy Jones par exemple. C’était rigolo !

J’avais un contrat de trois ans avec 2M à l'issue duquel on m’a proposé la gérance et la direction des programmes d’Arte, qui est une chose qui ne se refuse pas. Surtout lorsque c’est le Président François Mitterrand qui le souhaite. J’avais de toute façon décidé que je ne retravaillerais plus jamais de ma vie pour un média commercial. Et je suis très heureux sur le service public."

Direction des programmes de la chaîne franco-allemande ARTE de 1993 à 1995

Morphing de la candidature d'Alain Maneval adressé aux différents présidents de chaines allemandes partenaires d'Arte.

Dans les années 1990, les insomniaques tendance zappeurs avaient le choix entre les rediffusions lénifiantes d’Histoires naturelles ou d’En cas de divorce. Mais un beau jour de 1993 est arrivé le programme étalon en la matière. A la naissance d’Arte, la chaîne franco-allemande affiche un habillage graphique pensé par le directeur des programmes Alain Maneval et l’artiste Hélène Guétary. Des mannequins qui se transforment en lettres mais surtout des humains qui jouent à saute-mouton habillés de peaux d’ovins. La séquence passe en boucle sur fond de « Bonne nuit » susurrés en plusieurs langues. Devenue culte, cette pastille a été régulièrement remise à l’antenne par Arte…